« J’avais rangé mon cœur. Et puis elle est arrivée. »
« J’ai perdu ma femme il y a huit ans. Un cancer, brutal. Nous avions été mariés pendant 35 ans. Elle était tout pour moi. Pendant longtemps, je me suis senti comme un homme incomplet. Pas seulement seul, mais amputé. J’ai continué à vivre, pour mes enfants, pour mes petits-enfants. Je me suis occupé de mon jardin, j’ai lu, j’ai fait ce que les gens appellent ‘refaire sa vie’, sauf que je n’y croyais pas.
Et puis, un jour, à la médiathèque (je ne sais pas pourquoi tout le monde semble rencontrer l’amour à la médiathèque !), j’ai échangé quelques mots avec une femme au rayon poésie. Elle s’appelait Mireille. Elle avait ce sourire qui ne cherchait rien, mais qui illuminait tout.
On s’est revus. On a bu un café. Puis un autre. Et un jour, sans prévenir, je me suis surpris à attendre son message. À avoir envie de lui raconter ma journée. À imaginer ce qu’on ferait ensemble dimanche prochain.
Au début, j’avais presque honte. Comme si aimer à nouveau, c’était trahir la mémoire de mon épouse. Mais Mireille n’a jamais essayé de prendre sa place. Elle l’a respectée. Elle m’a écouté parler d’elle. Et peu à peu, j’ai compris que mon cœur pouvait encore aimer — différemment, mais pleinement.
Aujourd’hui, je suis heureux. Pas euphorique, pas dans l’illusion — mais profondément heureux. C’est un amour plus doux, plus conscient. À 65 ans, on ne se choisit pas pour combler un vide. On se choisit pour ce qu’on est, avec nos cicatrices et nos bagages. Et ça… c’est beau.
Je ne pensais pas aimer à nouveau. Je pensais avoir tout vécu. Je me trompais. »
