Témoignage de Michel, 65 ans

« Je croyais que c’était fini pour moi. »

« Ma femme est partie il y a huit ans. Un cancer foudroyant. Après 35 ans de mariage, je me suis retrouvé seul, vidé. Pendant longtemps, je n’étais plus qu’une silhouette. Je faisais mes courses, je marchais, j’allais au cimetière. Rien d’autre. L’idée même d’aimer à nouveau me paraissait absurde, voire irrespectueuse.

Mais la solitude, quand elle dure, devient lourde. Pas seulement l’absence d’une femme, mais l’absence de partage. De rires. D’une main sur la mienne.

Un jour, ma fille m’a poussé à m’inscrire à un cours de peinture dans le centre culturel du quartier. ‘Juste pour t’aérer’, qu’elle disait. J’y suis allé en traînant les pieds. Et puis, il y avait elle. Hélène. Elle avait ce rire clair, ce regard curieux sur tout. On a parlé couleurs, pinceaux, voyages. On est allés boire un café. Puis un autre. Puis un dîner.

C’était étrange au début. J’avais peur de trahir le souvenir de ma femme. Hélène, elle aussi, avait perdu son mari. On s’est raconté nos douleurs, nos vides. Et puis, sans même nous en rendre compte, on s’est mis à vivre. Ensemble. Doucement. Sans forcer.

Je ne vis pas une ‘seconde jeunesse’. Ce n’est pas ça. C’est une nouvelle saison. Avec ses lenteurs, ses silences, ses matins à lire côte à côte. L’amour à 65 ans, ce n’est pas une course, c’est une marche tranquille, main dans la main, avec le cœur encore ouvert.

Je n’aurais jamais cru revivre ça. Et pourtant. Me voilà, à refaire des projets. À aimer. À être aimé. Sans masque, sans orgueil, sans peur. C’est peut-être ça, le vrai miracle de l’âge. »