Comment Xavier m’a appris à ne pas tout contrôler

C’était un jeudi. Le ciel hésitait entre gris et bleu, comme souvent en mai.
J’avais préparé une liste : quoi semer, où, à quelle profondeur, en quelle lune. J’avais même tracé de petits sillons au cordeau.
Le jardin devait être « bien fait ».

Xavier est arrivé avec un sac de graines, un grand sourire… et aucun plan.
— « T’as prévu un endroit pour les capucines ? »
— « Non. Ce n’est pas la saison, je crois. »
— « Peut-être. Mais elles avaient envie de sortir, je crois. »

Et il les a plantées. Là où il y avait de la place. Sans trop réfléchir.
Moi, j’ai voulu dire quelque chose — mais je n’ai rien dit. Parce que, dans le fond, il avait raison : pourquoi toujours tout vouloir prévoir ?


🌱 Ce jour-là, j’ai vu…

Xavier marcher entre les rangs comme on entre dans une forêt : curieux, ouvert, libre.
Pas de peur de “rater”. Pas d’agenda. Il écoutait le jardin comme on écoute un vieil ami : avec confiance.

Il m’a raconté qu’enfant, il semait tout ce qu’il trouvait : des pépins de pomme, des graines d’érable, même des lentilles.
— « Ça ne poussait pas toujours, mais j’apprenais. »

Moi, j’ai grandi dans l’idée qu’il fallait tout faire comme il faut.
Le bon geste. La bonne date. Le bon résultat.
Et j’ai souvent oublié le plaisir de simplement essayer.


🧭 Depuis ce jour…

J’ai appris à laisser des coins “sauvages”.
À semer sans certitude.
À ne pas arracher ce que je n’ai pas planté — parfois, ce sont les plus belles surprises.

Et j’ai compris que le jardin, comme la vie, ne demande pas la perfection.
Il demande seulement qu’on soit là, ouverts, présents.


Merci Xavier.
Pour les capucines, et pour la leçon.