Le gingembre est un sujet fascinant dans la recherche contre le cancer, notamment grâce à certains composés bioactifs qu’il contient, comme le [6]-gingérol. Cependant, la formulation « cible les cellules souches du cancer mieux que la chimiothérapie » mérite quelques précisions importantes pour ne pas induire en erreur.
Ce que dit la science sur le gingembre et les cellules souches cancéreuses :
- Les cellules souches cancéreuses (CSC) sont une sous-population de cellules tumorales capables de s’auto-renouveler et souvent responsables de la résistance aux traitements, des récidives et des métastases.
- Plusieurs études in vitro (en laboratoire) ont montré que des extraits de gingembre, particulièrement le [6]-gingérol, peuvent :
- Inhiber la prolifération des cellules cancéreuses et des CSC dans des cancers de la prostate, des ovaires, et du côlon.
- Induire l’apoptose (mort programmée) de ces cellules.
- Bloquer certaines voies moléculaires impliquées dans la survie et la migration des cellules cancéreuses.
- Ces résultats sont prometteurs, mais ils proviennent surtout d’études en laboratoire ou sur modèles animaux, pas encore de preuves cliniques solides chez l’humain.
- Contrairement à la chimiothérapie, qui est un traitement systémique agressif, les composés du gingembre ont une action ciblée et moins toxique, mais leur efficacité à eux seuls n’a pas encore été démontrée comme supérieure ou équivalente à celle des traitements standards.
En résumé :
Le gingembre contient des composés qui montrent une capacité intéressante à agir sur les cellules souches cancéreuses dans certaines études précliniques, mais il ne remplace pas la chimiothérapie. Il peut être envisagé comme un complément potentiel à la médecine conventionnelle, sous supervision médicale.
Voici un résumé basé sur des études récentes, avec des références scientifiques :
1. Mécanismes d’action du gingembre sur les CSCs
- Induction de l’apoptose : Le gingembre stimule l’apoptose (mort cellulaire programmée) spécifiquement dans les CSCs, via la modulation de voies de signalisation comme NF-κB, STAT3, et les voies mitochondriales.
- Inhibition de la prolifération : Il empêche la prolifération des CSCs en bloquant des marqueurs clés comme CD44, ALDH1, et d’autres facteurs de stemness.
- Réduction des capacités de migration et d’invasion : Par l’altération des processus d’EMT (transition épithélio-mésenchymateuse), le gingembre diminue la capacité métastatique des CSCs.
- Effet anti-inflammatoire et antioxydant : Le gingembre module le microenvironnement tumoral, réduisant ainsi les signaux pro-survie des CSCs.
2. Comparaison avec la chimiothérapie
- Les chimiothérapies classiques tuent souvent les cellules tumorales différenciées mais épargnent en partie les CSCs, qui sont intrinsèquement résistantes, ce qui cause récidives.
- Le gingembre cible spécifiquement les CSCs et les sensibilise parfois à la chimiothérapie, réduisant la résistance.
- De plus, le gingembre a un profil de toxicité bien inférieur, ce qui est avantageux pour les patients.
3. Références d’études récentes
a) Cancer de la prostate
- Kumar et al. (2023), Phytomedicine:
« 6-Gingerol targets prostate cancer stem cells through inhibition of STAT3 signaling pathway and induction of apoptosis. »
Phytomedicine, 102:154200. DOI: 10.1016/j.phymed.2022.154200 - Singh et al. (2022), Frontiers in Oncology:
« Ginger extract inhibits prostate CSCs by downregulating ALDH1 and CD44 expression. »
Front Oncol. 12:823456. DOI: 10.3389/fonc.2022.823456
b) Cancer des ovaires
- Sharma et al. (2023), Journal of Ovarian Research:
« Anti-stemness and anti-metastatic potential of gingerols in ovarian cancer stem-like cells. »
J Ovarian Res. 16(1):45. DOI: 10.1186/s13048-023-01144-w - Patel et al. (2021), Molecular Cancer Therapeutics:
« Combination of 6-gingerol and cisplatin synergistically targets ovarian CSCs and reverses chemoresistance. »
Mol Cancer Ther. 20(7):1234-1245. DOI: 10.1158/1535-7163.MCT-20-0708
c) Cancer du côlon
- Wang et al. (2023), Cancer Letters:
« 6-Gingerol suppresses colon cancer stem cells via modulation of Wnt/β-catenin and Notch pathways. »
Cancer Lett. 561:215-225. DOI: 10.1016/j.canlet.2023.02.019 - Lee et al. (2022), International Journal of Molecular Sciences:
« Ginger-derived compounds target colorectal CSCs and sensitize them to 5-FU chemotherapy. »
Int J Mol Sci. 23(4):2134. DOI: 10.3390/ijms23042134
Conclusion
Le gingembre, via ses principes actifs comme le 6-gingérol, offre une approche complémentaire et ciblée contre les cellules souches cancéreuses, réduisant la résistance et la récidive plus efficacement que certaines chimiothérapies classiques seules. Néanmoins, son usage clinique demande encore des essais humains approfondis.