Le jour où le jardin nous a offert une vérité qu’on n’avait pas cherchée

Ce jour-là, on n’avait pas de grand projet.
Pas de semis à faire, pas de récolte en vue. Juste un peu de désherbage — cette activité humble qui ramène les mains à la terre et l’orgueil à sa place.

Xavier, accroupi près des fraisiers, tirait sur une racine coriace avec un mélange d’acharnement et de tendresse.
Moi, je m’attaquais à un coin laissé à l’abandon depuis l’hiver.

— « Tu sais ce que je me demande ? » il a dit, sans me regarder.
— « Non, mais je sens que ça va être bien. »
— « Pourquoi on passe autant de temps à vouloir faire “le ménage” dans nos vies, alors que les choses qui poussent vraiment viennent souvent du désordre ? »

J’ai levé les yeux.


🌱 Ce qu’on a vu, sans l’avoir prévu

Juste là, au pied d’un vieux pied de thym qu’on croyait mort :
un petit plant de bourrache, venu de je-ne-sais-où, tout bleu et frêle comme un poème.

Personne ne l’avait semé.
Personne ne l’avait “voulu”.

Il était là, vivant, à sa place.

Et cette vérité douce s’est déposée entre nous sans faire de bruit :
tout ne doit pas être maîtrisé pour être juste.
Certaines choses doivent nous échapper pour nous rencontrer vraiment.


🧭 Depuis ce jour…

Je laisse des coins en friche.
Je ne lutte plus contre tout ce qui déborde.
Je fais un peu de place à ce que je n’ai pas prévu.

Avec Xavier, on parle souvent moins maintenant.
Mais je crois qu’on s’écoute mieux.
Et le jardin, lui, continue de nous parler —
pas avec des mots,
mais avec des fleurs là où il n’y avait que du vide.