Ce qu’un homme de 65 ans dirait à la jeunesse d’aujourd’hui.

Mon cher (ou ma chère),

Je t’écris ces mots avec les mains un peu plus ridées qu’avant, le dos parfois courbé, mais l’âme… bien plus droite qu’à vingt ans. Le temps m’a enlevé certaines choses, mais il m’en a donné d’autres que je n’échangerais pour rien au monde : la clarté, la paix, et cette liberté silencieuse qu’on ne comprend qu’après avoir longtemps cru qu’elle se trouvait ailleurs.

Tu es jeune, plein(e) de feu et de questions. C’est bien. Retiens ceci : ne cherche pas à éteindre le feu. Apprends simplement à en faire une lumière, pas un incendie.

La vie, vois-tu, n’est pas un plan bien tracé qu’on suit à la lettre. Elle est faite de détours, d’imprévus, de silences lourds, et d’éclats soudains. Ce que tu crois être un échec aujourd’hui, tu le verras peut-être un jour comme une étape sacrée. Rien n’est perdu quand on est encore vivant et debout.

J’ai passé des années à courir après des vérités extérieures : l’approbation des autres, les titres, les signes visibles du succès. Mais la vérité, la vraie, je l’ai trouvée le jour où j’ai cessé de courir. Elle était là, dans le calme, dans ma solitude, dans l’acceptation de qui je suis — avec mes forces, mes manques, mes contradictions.

La liberté intérieure, c’est quand tu n’as plus besoin d’impressionner qui que ce soit. C’est quand tu peux t’asseoir en silence avec toi-même sans avoir honte, sans avoir peur. Elle ne s’achète pas, elle se cultive. Et elle demande du courage. Le courage de se regarder en face, et de ne plus mentir à son cœur.

Vieillir m’a appris que le bonheur n’est pas spectaculaire. Il est discret, presque banal parfois : une conversation honnête, un café au soleil, un regard sincère, une paix dans le ventre. Ce ne sont pas les grands moments qui tissent une vie, mais les petits répétés avec présence.

Alors si je devais te laisser quelques mots simples, ce serait ceux-là :

  • Ne te presse pas de tout comprendre. Vis. Tu comprendras plus tard.
  • Ne sacrifie jamais ta paix pour entrer dans le moule des autres.
  • Pardonne vite, mais apprends lentement.
  • Et surtout : n’oublie jamais que tu es déjà complet(e), même en te sentant cassé(e).

Je ne te souhaite pas une vie sans douleurs — elles t’apprendront bien plus que mes mots.
Je te souhaite une vie avec assez de conscience pour en faire quelque chose de beau.

Avec tendresse et confiance,

Un ancien qui a mis du temps à devenir jeune.