Ce que je n’ai jamais su dire simplement
Il y a des phrases que je vous ai dites mille fois —
« Fais attention. »
« Prends ton manteau. »
« T’as bien mangé ? »
Et puis il y a celles que j’ai portées en silence,
parce qu’elles me semblaient trop grandes, ou mal dites, ou inutiles.
Aujourd’hui, j’ai envie de les poser là, sans prétention.
Peut-être qu’un jour, elles vous parviendront au bon moment.
Je ne vous ai pas toujours compris.
Je vous ai aimés à ma manière — parfois trop discrètement, parfois trop fort.
Je voulais bien faire, mais je n’avais pas de mode d’emploi.
Et j’ai souvent confondu “protéger” avec “diriger”,
“aimer” avec “inquiéter”.
Pardonnez-moi mes maladresses.
Je vous regardais grandir avec fierté,
et parfois avec cette peur sourde qu’on ne dit pas :
celle de ne plus être nécessaire.
Je n’attends pas que vous m’imitiez.
Je ne veux pas que vous répétiez ma vie.
Je veux juste que vous soyez libres.
Libres d’aimer autrement. De faire mieux. De faire moins. D’être vous.
Je vous transmets ce que j’ai de plus précieux :
pas des vérités, mais des tentatives.
Pas des réponses, mais des questions ouvertes.
Et si je devais ne dire qu’une chose :
vous n’avez rien à prouver.
Ni à moi, ni au monde.
Vous êtes suffisants. Déjà.
Je suis là. Toujours.
Même en silence.
Même loin.
Même si je ne sais pas comment le dire.
— Papa