À la société – Et si vieillir était un acte politique ?

Chère société,

Je t’écris du bout de mes 65 ans,
de ce moment où l’on s’attendrait peut-être à ce que je me retire,
à ce que je ralentisse,
à ce que je me fasse discret.

Mais je t’écris pour te dire autre chose :
vieillir, ce n’est pas seulement un passage intime.
C’est aussi un acte politique.


Dans un monde qui glorifie la jeunesse, la vitesse, la productivité,
où tout est fait pour que l’on oublie le temps qui passe,
vieillir, c’est résister.
C’est refuser de disparaître dans l’ombre,
c’est choisir de garder une voix, un corps, une présence.


Vieillir, c’est dire au monde :
je suis là, avec mes rides, mes cicatrices, mes souvenirs,
et je compte encore.
Je peux encore créer, aimer, penser, agir.
Je ne suis pas un poids.
Je suis une force, une mémoire, un lien.


Alors oui, vieillir, c’est un acte politique.
Un acte de défi, de beauté, de vérité.
Un acte qui invite à repenser nos valeurs, nos regards, nos solidarités.

Je t’invite, société, à regarder autrement ceux qui avancent en âge.
À leur offrir non pas la compassion ni l’oubli,
mais la reconnaissance pleine et entière.


Parce que vieillir, c’est apprendre à être libre.
Et cette liberté, elle appartient à nous tous.

— Guido