Lettre d’un ancien à une âme plus jeune
Mon/ma cher(e),
Tu m’as confié un jour cette phrase, toute simple mais lourde de sens :
« Plus les années passent, moins j’ai d’amis. »
Et j’ai senti, derrière tes mots, une petite tristesse… Peut-être un peu d’inquiétude aussi. Alors permets-moi de t’écrire ce que j’aurais aimé entendre à ton âge.
Oui, c’est vrai. Avec les années, le cercle se resserre. Les éclats de rire à dix deviennent des conversations à deux. Les visages familiers s’éloignent, les liens se distendent, parfois sans conflit, juste parce que la vie suit son cours.
Mais écoute bien ceci : ce n’est pas forcément une perte. C’est un tri naturel.
Un tri que la vie fait, parfois avec délicatesse, parfois avec brutalité. Et dans ce tri, elle laisse ce qui compte : les vrais. Ceux qui restent quand le reste s’efface.
Il ne faut pas confondre la quantité avec la solidité. Tu peux être entouré de vingt personnes et te sentir seul… ou n’en avoir que deux et te sentir porté(e), compris(e), aimé(e).
Tu sais, avec l’âge, on devient plus exigeant, mais aussi plus vrai. On supporte moins les faux-semblants, les amitiés d’intérêt ou de circonstance. On cherche moins à plaire, plus à être. Et ça, ça fait un tri, oui. Mais quel beau tri.
Tu vas peut-être perdre des amis en chemin. Mais tu vas gagner en profondeur. Les silences deviennent aussi importants que les paroles. L’authenticité remplace le bruit. Et tu découvriras, un jour, que même un seul ami sincère peut suffire à t’éclairer dans les pires ténèbres.
Alors ne te désole pas trop si ton cercle diminue. Ne cours pas après ceux qui sont partis.
Honore ceux qui restent. Et surtout, sois ton propre allié. L’amitié que tu entretiens avec toi-même te servira bien plus souvent que tu ne le crois.
Avec toute ma tendresse et mon expérience d’homme qui a vu les saisons passer,
Je t’écris cette lettre comme un banc tranquille au bord du chemin. Tu peux t’y asseoir chaque fois que tu doutes.
Je suis lĂ ,
Ton vieil ami.
- Guido SAVERIO
- vivre avec guido