Lettre à toi, qui es à bout de souffle

Mon garçon, ma fille,

Je t’écris parce que je vois dans ton regard ce que j’ai vu un jour dans le mien, il y a longtemps : cette fatigue qui ne se soigne pas avec une sieste, ce découragement qui ronge en silence, ce sentiment d’être pris au piège, même quand tout le monde autour semble avancer comme si de rien n’était.

Tu vis ce qu’on appelle aujourd’hui un burn-out. À mon époque, on n’avait pas de mot pour ça. On disait juste : « Il est au bout », « Il a craqué », et souvent, on se taisait. On serrait les dents. Et on s’éteignait à petit feu.

Mais moi, je veux te dire quelque chose qu’on ne m’a pas dit assez tôt : ce que tu ressens est réel, et tu as le droit d’en parler.

Tu as peut-être l’impression d’avoir échoué. Parce que tu n’arrives plus à suivre le rythme. Parce que tu es vidé, même en dormant. Parce que tu ne reconnais plus la personne que tu es devenu(e). Mais laisse-moi te dire ceci : tu n’as pas échoué. Tu es simplement fatigué d’être fort tout le temps.

Tu as porté trop de choses. Tu as cru que tu devais prouver ta valeur, tout le temps, à tout le monde. Et tu t’es oublié en chemin.

Ce n’est pas une faiblesse de ralentir. C’est un acte de courage. Tu n’es pas une machine. Tu es un être humain, avec un cœur, un corps, une âme. Et quand l’un de ces trois crie, il faut l’écouter.

Repose-toi. Pas juste physiquement. Repose ton esprit. Éloigne-toi du bruit, des exigences, des “il faut”, des “tu devrais”. Rappelle-toi ce que tu aimais faire avant que tout devienne urgent. Parle à quelqu’un de confiance. Écris. Pleure. Marche sans but. Regarde le ciel. Il n’y a pas d’objectif à atteindre, là maintenant. Il n’y a que toi. Et ta guérison.

Tu n’es pas seul(e). Et tu ne seras pas perdu(e) pour toujours. Ce que tu traverses t’enseignera des choses que les jours heureux n’auraient jamais pu t’apprendre. Tu ressortiras de là plus vrai(e), plus fort(e), plus libre.

Mais pour l’instant, fais une chose simple : prends soin de toi. Vraiment. Sans culpabilité. Sans délai.

Je suis passé par là. Et je suis encore là. Alors tu le seras aussi.

Avec tendresse et respect,
Un ancien qui a déjà brûlé la chandelle par les deux bouts.

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