Tu m’as longtemps protégé. Je te rends ta liberté.
Tu es arrivée tôt.
Je ne sais plus si c’était à l’école, dans les yeux d’un adulte exigeant, ou dans le silence d’un “tu peux mieux faire” murmuré trop souvent.
Tu t’es installée doucement, discrètement, comme une veilleuse allumée en plein jour.
Et je t’ai écoutée.
Tu m’as appris à anticiper, à travailler dur, à ne jamais me croire “assez”.
Tu m’as tenu droit dans les moments de doute.
Tu m’as évité l’humiliation, la légèreté, le ridicule.
Tu m’as sauvé, parfois.
Alors merci.
Merci pour cette rigueur, cette vigilance, cette force un peu raide que tu m’as donnée.
Tu m’as protégé comme on protège un enfant qu’on croit fragile.
Mais aujourd’hui, je suis grand.
Et je veux marcher sans garde-fou.
Je ne te chasse pas.
Je ne te nie pas.
Je te vois, je t’honore… et je te laisse partir.
Tu n’as plus besoin de rester.
Je ne mesure plus ma valeur à mes réussites.
Je ne confonds plus erreur et échec.
Et je n’ai plus peur de tomber —
parce que j’ai appris à me relever.
Je vais continuer sans toi.
Avec des pas plus hésitants, peut-être. Mais plus vrais.
Avec des projets qui échoueront parfois. Mais que j’aurai aimés.
Tu peux te reposer maintenant.
Va t’alléger ailleurs.
Moi, je reste ici, debout — pas parfait, mais libre.
— Guido