Témoignage de Marie et Jacques, 67 et 69 ans

Ensemble depuis 40 ans

Marie :
« Quand on s’est rencontrés, j’avais 27 ans. Il en avait 29. Il portait un pull trop grand et sentait le café. Il n’était pas le plus bavard, mais son calme m’a tout de suite attirée. Je venais d’une relation chaotique, j’avais besoin de stabilité. Lui, il n’a jamais joué un rôle. Ce qu’il était ce jour-là, il l’est encore aujourd’hui. »

Jacques :
« J’ai su très vite que je voulais construire quelque chose avec elle. Pas juste vivre ensemble, mais vraiment grandir ensemble. Les débuts n’étaient pas simples. On n’avait pas un sou. On a déménagé trois fois en deux ans. Mais on riait beaucoup. On parlait de tout, jusqu’à tard dans la nuit. »

Marie :
« Les enfants sont arrivés. Deux. Puis le tourbillon. Le travail, les nuits courtes, les tensions. On a failli se perdre plusieurs fois. Il y a eu des silences qui duraient, des désaccords profonds. Mais toujours, une main tendue, un effort. L’amour, ce n’est pas une ligne droite. »

Jacques :
« À un moment, on a arrêté d’essayer de se changer l’un l’autre. Et ça, je crois que ça a tout sauvé. On a appris à s’aimer tels qu’on est, même avec les défauts, les habitudes agaçantes, les petites lâchetés du quotidien. C’est là que notre amour est devenu plus fort. Moins passionné, peut-être, mais plus enraciné. »

Marie :
« Depuis qu’on est à la retraite, on se redécouvre. On a plus de temps, moins de contraintes. On part en voyage, on cuisine ensemble, on marche beaucoup. On a même commencé à danser. Je retrouve chez lui une légèreté que je croyais oubliée. C’est comme un deuxième amour, plus tendre. »

Jacques :
« Je la regarde parfois, le matin, quand elle lit son journal. Elle a les cheveux un peu en bataille, elle ne s’en rend pas compte. Et je me dis : c’est elle. Encore. Toujours. Quarante ans plus tard, je ne m’ennuie pas à ses côtés. Je me sens chez moi, avec elle. »

Marie :
« L’amour à notre âge n’est pas moins beau. Il est juste plus silencieux, plus solide. Ce n’est plus un feu d’artifice, c’est une lumière douce qui ne s’éteint pas. »