Dans la famille Morel, les journées commençaient par un bourdonnement de notifications.
Le matin, Lucie regardait ses messages avant même de dire bonjour.
Maxime, son frère, avalait son petit-déjeuner les yeux rivés sur sa console portable.
Et leurs parents n’étaient pas meilleurs : Papa répondait à ses e-mails pro entre deux gorgées de café, et Maman scrollait les actus comme on respire.
Un vendredi soir, alors que chacun était absorbé par son écran, la lumière sauta soudain. Noir complet.
« C’est le réseau ? Le Wi-Fi ? » paniqua Maxime.
Papa fureta, ralluma le disjoncteur… tout revint.
Mais Maman, elle, avait eu une idée.
— Et si on essayait un samedi sans écrans ?
Silence. Regards effarés.
« UNE journée entière ?! » s’étrangla Lucie.
— 24 heures. On teste, et on voit.
Le lendemain matin fut… long.
Lucie ne savait pas quoi faire de ses mains. Maxime tournait en rond, comme un lion en cage.
Papa cherchait machinalement son smartphone, qu’il avait volontairement rangé dans un tiroir.
Maman, elle, observait en souriant leurs gestes nerveux.
À midi, après mille soupirs, ils sortirent marcher.
Sans écouteurs.
Le vent, on l’entendait. Les oiseaux aussi.
Et puis, quelqu’un — on ne saura jamais qui — proposa un pique-nique improvisé au parc.
Papa devint magicien avec des jeux en papier : avion, grenouille, bateau.
Maxime lança un « challenge » à sa sœur : trouver trois choses jolies que personne ne remarque jamais.
Lucie découvrit un trèfle à quatre feuilles. Maxime, lui, trouva un nuage en forme de dragon.
Ils rirent. Beaucoup.
Le soir venu, ils cuisinèrent ensemble.
La pâte à pizza se mit à voler dangereusement dans la cuisine.
La radio, allumée pour une chanson, finit en karaoké catastrophique… mais heureux.
On joua aux cartes. On refit le monde.
On parla comme si… on avait oublié comment on savait faire ça.
Dimanche matin, 24h après, Papa rouvrit le tiroir.
Les écrans attendaient.
Personne ne se rua dessus.
— On recommence samedi prochain ? proposa Maxime, timidement.
Les quatre têtes hochèrent en même temps.
Car ils avaient découvert un secret :
Quand on se déconnecte du monde virtuel, on se reconnecte à ce qui compte vraiment.
Un trésor qui n’apparaît jamais sur les écrans,
mais qui se vit en vrai.
- Guido SAVERIO
- Apprendre Sans Cours
